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Published on Sunday, 01 January 2017 10:07

La cimenterie ex CADO, devenue SCIZ, est située à proximité de Djeniène Meskine, une localité à équidistance (une quarantaine de kilomètres) d'Oran et de Sidi Bel Abbès, mais relevant administrativement de la wilaya de Mascara. Construite durant la période coloniale, la cimenterie, qui a connue plusieurs restructurations, est considérée comme un des pôles de fabrication du ciment au niveau national.Le ciment, un matériau de base dans les secteurs du bâtiment et du génie civil, est une poudre finement broyée, non métallique et inorganique, qui est obtenue à partir de calcaire et d’argile. La réaction chimique de base commence avec la décomposition du carbonate de calcium (CaCO3) en chaux (oxyde de calcium, accompagnée d’un dégagement de gaz carbonique à environ 900°C. La production de la cimenterie a complètement laminé une bonne partie de la montagne où se trouve la carrière de calcaire, ne laissant qu’un promontoire où se trouve le mausolée d’un saint. Les mesures de prévention et de protection contre les nuisances de ce type d’installations sont censées être prises en compte, protection des paysages, poussières, bruits, tirs de mines, protection des eaux superficielles et souterraines, déchets, transports et approvisionnements. Ce qui est loin d’être le cas. Notamment, le point majeur qui réside dans les émissions polluantes car les principaux rejets sont les émissions des fours. Car, ces dernières années, l’activité de la cimenterie suscite souvent la colère et l’amertume de ses riverains, notamment les habitants des deux plus proches localités, Djeniène Meskine et Gaada. Ces derniers n’arrivent toujours pas à accepter leur double martyr, victimes de la pollution émise par ce mastodonte industriel, qui n’a pas hésité à marginaliser les jeunes de ces deux localités en matière d’embauche. Une pollution atmosphérique, qui dure depuis des décennies, due à un rejet massif de poussière de ciment dans l’air, assombrissant leur cadre de vie et piégeant leur survie, avec, à la clé, un cortège ininterrompu de maladies respiratoires et des irritations cutanées. Lorsque le vent souffle en provenance de l’usine, le calvaire devient indicible. Impossible de respirer. Oppression de poitrine, poussées de toux sporadiques, essoufflements deviennent le lot quotidien des insuffisants respiratoires. Même retranchés dans leurs maisons, ils ne s’en sortent pas. La poussière agaçante provenant de la cimenterie s’invite partout et n’épargne pratiquement aucun recoin des deux localités, et notamment de Djeniène. Même dans leurs derniers retranchements au fond de leurs chambres à coucher, les populations en font les frais. . La pollution de l’environnement aux alentours de l’usine est manifeste et visible. Il est évident que la simple exposition aux composants du ciment, peut causer des maladies respiratoires de types obstructifs (asthme), des lésions parfois irréversibles de la peau et des yeux, les brûlures chimiques, la cécité, la lésion des voies respiratoires et digestives, les dermatites. L’inhalation répétée et prolongée de poussière de silice (composante du ciment,), peut provoquer une silicose qui est une maladie pulmonaire gravement invalidante et mortelle . Selon les spécialistes, les conséquences de ce genre de pollution sont plus perceptibles, surtout dans le long terme. En arrivant dans la zone à une période de la journée où l’usine est en activité, le spectacle est tout simplement pathétique. La poussière qui submerge le vert sur le couvert végétal, au fur et à mesure que l’on s’approche de l’usine, illustre l’ampleur du phénomène.. Un important impact biophysique. Cette affligeante situation se trouve accouplée à la « marginalisation » intentionnée ou pas, des riverains en matière d’embauche, puisque souvent les nouvelles recrues vienne d’autre régions. Cela provoque des mouvements de contestation cyclique, souvent calmés après des négociations ardues car la cimenterie est l’unique grande pourvoyeuse d’emplois de la région. Un double calvaire des riverains, pollution et chômage. Un amer constat qui n’est pas près de s’estomper.
MM